Le VIH ? Une invention des chercheurs !

A propos des courants antiscience qui ont fait l’objet de l’article précédent, juste une petite anecdote bien significative des outrances où ils peuvent mener et des dangers très concrets qu’ils peuvent représenter.

Il y a quelque temps j’assistais, en simple auditeur, à un débat organisé par le comité local d’ATTAC d’une ville voisine sur l’industrie pharmaceutique et les médicaments. Au moment où la discussion est arrivée sur les médications anti-SIDA, une participante a déclaré haut et fort que toutes ces thérapies ne pouvaient être que nocives car le VIH n’existait pas. Ce n’était qu’une invention des scientifiques et de l’industrie pharmaceutique. La preuve, c’est qu’on n’avait jamais réussi à l’isoler (précisons qu’il a été isolé en 1984 et séquencé en 1985 !). Elle a poursuivi en affirmant que le SIDA, comme toutes les autres maladies, était un problème nutritionnel et qu’il suffisait de manger sainement pour rester en bonne santé. Deux personnes assises à coté d’elle approuvaient, elles appartenaient manifestement toutes trois à l’une de ces « sectes diététiques » qui prétendent que si on se nourrit selon leurs règles (au demeurant très diverses selon les sectes !), on n’est jamais malade. A ma grande surprise, et alors qu’une trentaine de personnes assistaient à cette réunion, j’ai été le seul à réagir (après un instant de stupeur tout de même !).

J’ai appris depuis que cette colossale ineptie n’était pas une invention des personnes présentes à cette réunion, mais était véhiculée par des groupes antisciences. Une idée analogue avait même influencé Thabo Mbeki, président d’Afrique du Sud de 1999 à 2009, ce qui avait abouti à une grande catastrophe sanitaire. Si le SIDA n’est pas contagieux, inutile de prendre des précautions n’est-ce pas ? Résultat : en 2009 ce pays avait le plus fort pourcentage de séropositifs au monde.

 

Les multiples chemins de l’anti-science

« Le principal fléau de l’humanité n’est pas l’ignorance mais le refus de savoir ». Simone de Beauvoir

Dans certains articles de ce blog consacrés aux biotechnologies, j’avais rapidement évoqué la position anti-science évidente de certains opposants aux OGM, notamment les plus radicaux. Je reviens plus largement ici sur l’hostilité à la connaissance scientifique, car elle est le fait de courants très divers, plus influents et plus actifs qu’on ne pourrait le croire. Continuer la lecture

Les activistes de l’antiscience

L’article de ce blog « OGM : fantasmes et réalités », écrit pour l’essentiel en 2008, manifeste des inquiétudes, largement partagées dans la communauté scientifique, toutes disciplines confondues, sur la montée en puissance des courants antiscience. L’arrachage, à deux reprises, de vignes faisant l’objet d’expérimentations au centre de Colmar de l’Institut National de Recherche Agronomique (INRA), un organisme public, confirme malheureusement le bien fondé de ces craintes.

Mon propos ici est de faire ressortir ce qui me parait être la véritable signification idéologique de cette affaire, dans un contexte où se manifeste une inquiétante dérive du courant anti-OGM le plus extrémiste. Nous y reviendrons d’ailleurs dans un autre article, sur les soi-disant « OGM cachés ». Continuer la lecture