Ce court billet pour signaler la création d’un site en accès libre traitant des questions environnementales. Il est conçu et mis en œuvre par des scientifiques et parrainé par l’Université Grenoble-Alpes. Cette encyclopédie de l’environnement comporte huit rubriques traitant chacune d’une composante essentielle de notre environnement : air, eau, sol, climat, physique, vivant, santé, société. A ce jour (décembre 2018), 140 articles sont en ligne complétés par 78 focus, beaucoup d’autres sont en préparation. Tous les textes sont écrits par des scientifiques spécialisés dans les sujets traités; Ils permettront aux lecteurs de disposer d’informations fiables et d’être en mesure d’exercer leur esprit critique sur un sujet qui prend de plus en plus d’importance et qui est bien souvent mal traité (en 2 mots comme en 1 seul) par les médias.
Je profite de cette annonce pour ajouter quelques commentaires plus personnels. Cette initiative était devenue nécessaire dans le contexte actuel. Il règne en effet sur les questions environnementales une énorme confusion, créée et entretenue par des organisations à intérêts divers, politiques ou commerciaux (le cumul n’étant pas interdit !), qui déclarent tout et son contraire sur ce vaste et important sujet. Déclarations abondamment relayées par les médias, d’autant plus fortement qu’elles sont plus génératrices d’inquiétudes. C’est très bon pour l’audimat, donc pour les recettes publicitaires. Un véritable commerce de la peur s’est ainsi développé et prend des proportions qui peuvent légitimement inquiéter pour au moins deux raisons. D’une part, ces campagnes de désinformation entraînent les dirigeants politiques à prendre des positions démagogiques dommageables, d’autre part elles alimentent un dangereux courant antiscience, de plus en plus tapageur et parfois violent. Les groupes associatifs ou politiques qui mènent ces campagnes se réclament de l’écologie. Or l’écologie est une science, née à la fin du 19e siècle, suite aux théories de Lamarck et surtout de Darwin, et ces campagnes de peur sont aux antipodes de la démarche scientifique. Non seulement par les arguments avancés, mais plus profondément par la vision de la nature qui les anime. Une vision toute imprégnée de la théologie naturelle, pensée religieuse dominante jusqu’à Darwin. Elle prônait la croyance que tout est harmonie dans une Nature créée par intervention divine. Sous-entendu : toute intervention de l’homme est sacrilège. Il faut vraiment n’avoir aucun sens de l’observation pour croire que la nature est bonne et harmonieuse, et il faut être fortement imprégné de culture biblique pour considérer que l’homme est extérieur à cette nature. En d’autres termes, tous ces marchands de peur sont encore tout pénétrés de relents créationnistes sans en être conscients.
En bref, le terme « écologie » est littéralement usurpé à des fins politiques ou commerciales. C’est au point que les chercheurs de cette discipline, depuis déjà longtemps, ont préféré renoncer au qualificatif d' »écologistes » et le remplacer par celui d' »écologues ». Un abandon défaitiste, lié en partie à des problèmes internes à cette discipline, qui a été peu judicieux et se trouve à l’origine d’un malheureux malentendu chez le grand public. Ainsi, la plupart des gens s’imaginent que lorsqu’un parti ou une association s’exprime au nom de l’écologie, c’est en s’appuyant réellement sur des connaissances scientifiques, alors que c’est très rarement le cas. On trouvera beaucoup plus d’informations sur ce sujet dans deux ouvrages clés :
-L’écologie est -elle encore scientifique ? de Christian Lévêque, publié en 2013 aux éditions Quae.
–L’écologie kidnappée de Georges Guille-Escuret, publié en 2014 au PUF.